L’IGN au féminin




«Coordonnées XX» est le titre en couverture du numéro 101 du magazine édité par l’Institut national de l’information géographique et forestière, téléchargeable gratuitement sur le site de l’IGN. Cette édition se consacre entièrement à la place des femmes dans ses rangs, et plus globalement dans les «géométiers». 
 
Un large dossier répond ainsi à la question «où sont les femmes à l'IGN ?». Au final, elles y sont bien présentes, mais encore peu nombreuses : 35% des agents de l’IGN sont des femmes, contre 62% sur l’ensemble de la fonction publique... À l’heure où l’égalité entre hommes et femmes est érigée en grande cause nationale, l’Institut reconnait le chemin qui lui reste à parcourir, même si sa mutation est engagée notamment depuis la nomination d’un référent égalité en 2014.
 
En zoomant sur les chiffres, l'on constate que la très grande majorité de cet effectif féminin se concentre à près de 70% sur les postes administratifs, laissant la part belle aux messieurs sur des corps techniques (voir illustration ci-dessous). Quant aux écarts entre les rémunérations, les hommes gagnent en moyenne 5,2% de plus que les femmes. L’IGN magazine souligne qu'il est moindre qu’ailleurs dans la fonction publique d’État (14,3%). Et ce signe positif n’est heureusement pas le seul relevé dans ce dossier.
 

Féminin et pluriel

En effet, malgré des stéréotypes bien enracinés dans la société, la tendance devrait progressivement évoluer, dans divers métiers, avec l’augmentation des filles diplômées. Ainsi 28% des ingénieurs de l’IGN sont des ingénieures, contre 10% dans les années 70. Autre statistique : 25% des géomètres de l’IGN sont des femmes, contre 6,5% en 1983. Le changement pourrait aussi venir «d’ailleurs», grâce à l’entrée en 2012 des forêts dans le giron de l’IGN : depuis 5 ans, 39% des nouvelles recrues sont des femmes.
 
Plus proche du SIG, le dossier pointe l’évolution du métier de dessinatrices-cartographes, historiquement et exclusivement féminin, vers celui de géomaticiennes et de géomaticiens. Comme le souligne Sylvie Recart, l’arrivée des hommes, en parallèle des ordinateurs, a en effet apporté davantage de mixité dans ce service de l’IGN. Un équilibre rare et qui reste à préserver, car, comme le rappelle dans un autre entretien notre consoeur Françoise de Blomac (Décryptagéo), la sous-représentation des femmes dans le monde de l’information géographique est symptomatique de l’origine des géomaticiens, issus des rangs des géomètres et surtout de monde de l’informatique : «le métier de géomaticien se féminise, mais que cette féminisation se heurte à un plafond de verre». La preuve avec les 19 % de femmes qui travaillent aujourd’hui dans le développement informatique de l’IGN. C’est peu, mais c’est bien mieux que la moyenne nationale (+4%) et européenne (+3%).
 
Ainsi tout en nuances, ce dossier est passionnant. Complet, il revient enfin sur ces femmes qui ont ainsi marqué l’histoire de l’IGN. Comme Éliane Matter, première femme recrutée en 1977 au sein des géomètres, et Élisabeth Rinié, première femme ingénieur géographe diplômée de l’ENSG, entrée en 1974 dans la même promotion que Catherine Lecocq. Pionnières, elles ont franchi une porte qui aujourd’hui s’ouvre en grand.
 
+ d’infos :
IGN magazine n°101


Article mis en ligne par Xavier Fodor - SIGMAG SIGTV.FR