Un apprentissage ludique et pratique, sinon rien ?


La géomatique ne se réserve plus à un seul comité d’expert. Ses notions et ses outils peuvent être approchés par un jeune public, à condition que le mode de transmission soit calibré en conséquence. Tour d’horizon des pratiques dans et autour des établissements scolaires. Par Fanny Perrin d'Arloz.



Chaque année, le GIS Day permet de faire découvrir la géomatique à différents publics. Certains professeurs des écoles acceptent volontiers cette nouvelle manière moderne de s'ouvrir au monde et d'apprendre la géographie. ici en 2014, avec les CM1 et CM2 de la Junior School de Lyon.
Loin d’être un cancre, la France n’est pas non plus la mieux lotie lorsqu’il s’agit d’aborder la géomatique en milieu scolaire. « En France, des initiatives sont menées dans ce sens mais elles ont dans l’ensemble du mal à percer. Le Ministère de l’Éducation nationale essaie d’avancer, de faire des suggestions, mais un fort décalage entre la volonté et la réalité terrain perdure ; le SIG restant une option proposée au corps enseignant », énonce en préambule Stanislas Pachulski, Responsable du pôle éducation au sein d’Esri France.

Preuve en est avec le bilan mitigé d’Édugéo, le géoportail de l’éducation développé en novembre 2013 par l’IGN avec le concours du Ministère de l’Éducation nationale dans le cadre du développement des ressources et des usages numériques à l’école. Pour rappel, il permet aux élèves et aux professeurs d’enseignement primaire et secondaire d’accéder à un catalogue de données (photos aériennes, cartes numérisées, données topographiques, cartes de Cassini, etc.) et d’élaborer des cartes légendées stockables et modifiables. « Les enseignants sont assez peu nombreux à utiliser Édugéo car ils manquent de latitude pour l’adapter aux programmes scolaires», estime Éric Sanchez, maître de conférences et directeur d’Éductice à l’École Normale Supérieure de Lyon (ENS).

De son côté, l’Algérie, qui accusait un cuisant retard dans le domaine, semble progressivement inverser la tendance d’après Nadia Mosbah, doctorante sur l’utilisation des TIC pour enseigner la géographie en Algérie pour l’université d’Aix-en-Provence. « Il y a 3 ans, l’Algérie était le tiers monde absolu en matière SIG. Depuis, l’État a équipé en ordinateurs et en connexion Internet presque tous les établissements scolaires du primaire à l’université. Certains ont pu faire l’acquisition de programmes dédiés à la géomatique. Dorénavant, je travaille à leur côté sur l’occupation des sols avec la cartographie. Cela va encore prendre de l’ampleur car l’adhésion est croissante et la géomatique devient indispensable».

Le jeu Clim@ction a permis à 2 lycées de l'Hérault et du Rhône de simuler une étude d'aménagement du territoire pendant 6 semaines.
Quant aux États-Unis, ils conservent leur longueur d’avance, les SIG ayant trouvé leur place dans l’institution scolaire. Très actif sur le sol américain, le réseau de « geo-mentor », qui consiste à mettre en relation un professionnel de la géomatique avec un enseignant avide de connaissances, joue un rôle non négligeable dans l’emploi des SIG à l’école. De même, Jack Dangermond, le président d’Esri Inc qui, en juillet 2014, proposait gracieusement ArcGIS à plus de 100.000 écoles américaines, contribue en partie à la résonnance médiatique de la géomatique.

Au Canada, le soutien offert par Esri aux enseignants utilisant la technologie des SIG, et comprenant des trousses de cours, des vidéos et d’autres sources didactiques en lien avec les programmes en vigueur, trouve preneurs grâce à sa praticité. Loin d’être une utopie, l’apprentissage des concepts géomatique en milieu scolaire suppose toutefois que l’équipement informatique dans les établissements d’enseignement ne souffre pas d’obsolescence aggravée. Et que le corps enseignant ait la compétence, l’envie (et le temps ?) d’aborder cette discipline…

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Article mis en ligne par Xavier Fodor - SIGMAG SIGTV.FR