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L'Hermione redécouvre l'Amérique


Ce 4 juillet, la réplique de l'Hermione fait face à la statue de la Liberté. Cette cathédrale de bois et de lin est l'aboutissement de 17 ans de construction et d'une aventure humaine hors normes. Elle est la plus belle ambassadrice de notre patrimoine maritime, dans la lignée de Lafayette. Par Alice Schwab.



© Simon David Caro - Association Hermione Lafayette
© Simon David Caro - Association Hermione Lafayette

Notre histoire commence sur les rives de la Charente, près de l’estuaire de l’Atlantique. Rochefort y abrite un arsenal royal, bâti par Colbert. En 1779, le navire de guerre nommé « Hermione » y est mis à flot. À bord de cette frégate de 12, en référence aux boulets de 12 livres tirés par ses 34 canons, le jeune Marquis de Lafayette est en mission secrète pour le roi Louis XVI. Il traverse l’Atlantique en direction de Boston. 

Il doit annoncer à Georges Washington que la France va se battre aux côtés des insurgés, en lutte contre les anglais. De retour en France en 1782 après ses années de combat, l’Hermione reprend ses missions d’escorte de navires marchands sur les mers du globe. Elle touchera un haut fond avant de sombrer au large du Croisic en 1793, mais elle marquera à tout jamais l’histoire en devenant un symbole de liberté qui scellera l’amitié franco-américaine.


La deuxième vie de l'Arsenal

© Association Hermione Lafayette
© Association Hermione Lafayette

Deux siècles passent. Dans les années 1970, la ville de Rochefort décide de remettre en valeur son patrimoine naval historique. La Corderie Royale et les formes de radoub, ces bassins maçonnés accueillant les navires lors de leur construction et leur mise à sec pour leur entretien et carénage, sont alors restaurés. Mais que serait un arsenal sans navire ? Contrairement à la plupart des grands pays maritimes, la France fait figure d’anomalie. Elle n’a conservé ni reconstruit de navire antérieur au XIXe siècle. Pour remédier à cette anomalie, l’Association Hermione Lafayette est créée en 1992. Elle est présidée par l’écrivain et académicien Erik Orsenna, navigateur depuis toujours. Il est rejoint par Benedict Donnelly (président dès 1994).

L’association regroupe des passionnés, des membres du Centre International de la Mer et le Maire de Rochefort d’alors, Jean-Louis Frot. Pendant cinq ans, ils œuvrent pour que le projet de l'Hermione devienne une réalité. «L’Hermione est un atout pour l’ambition de la France, deuxième littoral maritime au monde, déclare Erik Orsenna. Sans l’engouement extraordinaire du public, nous n’aurions jamais pu réaliser ce rêve. Il est partagé car ce sont les 7.000 adhérents de l’association et les 4,2 millions de visiteurs, soit près de 250.000 par an, qui ont permis que ce rêve devienne réalité. À eux seuls, ils ont financé 60% du projet. Comme disait Mark Twain, on ne savait pas que c’était impossible alors on l’a fait !»

Armateur du navire, l’association s’entoure de passionnés et d’historiens maritimes pour mettre en œuvre ce chantier titanesque qui durera au final dix-sept ans ! Dès 1997, les premiers financements sont apportés par la ville de Rochefort et la communauté d’agglomération Rochefort Océan, la région Poitou-Charentes et le département de la Charente-Maritime. Suivront également de nombreux mécènes qui contribueront à faire perdurer le chantier. Au total, près de 25 millions d’euros auront été nécessaires.

Mais construire la réplique d’une frégate du XVIIIe siècle implique de retrouver les plans d’origine. Des recherches ont mis au jour les dessins de Chevillard Aîné, rescapés de la révolution française. Les plans originaux de l’Hermione ayant disparu, l’enquête progresse au musée maritime de Greenwich, où sont conservés les documents d’une sistership de l’Hermione : « La Concorde », capturée par les anglais. Considérés comme plus rapides et plus maniables, les navires français de l’époque attiraient la convoitise des ingénieurs et des espions industriels Britanniques. Ils répertoriaient toutes les données techniques de leurs captures. Les plans de l’Hermione sont ainsi recréés.

 

À SUIVRE...



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dans SIGMAG de juin 2015
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Article mis en ligne par Xavier Fodor - SIGMAG SIGTV.FR