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Pour un changement moins impactant


Depuis 2019, Hydroclimat fournit des data pour s’adapter face au changement climatique. Spécialiste de la modélisation, elle livre des scénarios à long terme.



À l’origine d’Hydroclimat se trouvent deux chercheurs académiques : Adrien Lambert et Magali Troin, spécialistes des relations entre l’eau et le climat. Après huit ans passés en Amérique du Nord, ils choisissent d’apporter leurs connaissances autour de l’adaptation au changement climatique en France en créant leur société. « Nous sommes positionnés sur plusieurs volets : le climat, la ressource en eau et les inondations », expose Magalie Troin, associée co-fondatrice, Directrice commerciale et innovation de la start-up. Huit personnes composent l’équipe, avec des profils plutôt techniques, de modélisateurs, d’ingénieurs, de data-scientistes. Tous spécialistes de la data, ils ont pour missions de produire de la donnée qualifiée afin d’alimenter les analyses de risques et de vulnérabilités face aux changements climatiques. « Nous mettons à disposition des bases de données d’indicateurs spatialisés, des métriques permettant d’observer l’évolution d’un aléa, précise la co-fondatrice. Par exemple, cela va être l’étude d’une hausse de 20% des précipitations hivernales à l’horizon 2050 sur un territoire, appliquée sur différentes résolutions spatiales, de vingt kilomètres à trente mètres. » 

Mais avant cela, les données brutes sont récupérées auprès des centres nationaux, européens et internationaux, tels que Météo France, Copernicus C3S ou DKRZ. « Cette donnée en open data est non qualifiée et grossière. Notre but consiste donc à la rendre accessible, fiable et exploitable. D’une résolution brute de cent kilomètres, nous l’affinons jusqu’à trente mètres. » Les équipes d’Hydroclimat opèrent également sur du post-traitement statistique, combiné avec du machine learning pour améliorer et booster ces données. « Actuellement, nous disposons déjà d’une base de 22 modèles climatiques qui couvre le monde, détaille Magali Troin. Nous avons aussi des modèles d’impacts hydrologiques et hydrauliques établis en interne. » Cet ensemble alimente un catalogue de plus de deux cents métriques : vagues de chaleur, précipitations intenses, sécheresse ou encore tempêtes. « En outre, les indicateurs indirects sont pris en compte, comme le retrait gonflement des argiles, l’indice feu de forêt, la submersion marine, les cyclones, etc. » Quant aux échelles, elles vont « d’un site spécifique en se basant sur les coordonnées GPS, latitude et longitude, à la région ou au pays. Pour Esri France, nous avons partagé une base de données sur la France entière à huit kilomètres de résolution. » Avec ces indicateurs, l’éditeur est en mesure d’intégrer plusieurs scénarios et horizons climatiques. « La projection à long terme est au cœur de nos activités, avec l’ajout des évolutions socio-économiques avec l’ensemble des réglementations européennes ou françaises. »  Dans cette dynamique, la start-up s’appuie sur la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC), pour garantir la conformité réglementaire de ses indicateurs.

Objectif : limiter les coûts

En intervenant auprès de différents segments, tels que des acteurs de l’assurance-réassurance, la finance, l’agriculture, les territoires ou encore des gestionnaires d’infrastructures dans le domaine de l’eau, Hydroclimat répond à des besoins très variés. L’objectif reste cependant le même pour chacun : réduire leur vulnérabilité, concrètement, limiter les coûts des impacts. « Les secteurs de l’infra ou de l’ingénierie ont plutôt tendance à exploiter des bases de données. De leur côté, les collectivités souhaitent obtenir des rapports d’études avec des scénarios sous forme de cartes et avec des explications plus intelligibles. Un format plus approprié aux non-experts du domaine. » Tableaux, code couleurs, courbes de tendance ou encore boussole, les représentations visuelles sont d’ailleurs testées et ajustées en fonction des clients et des besoins. « C’est à partir de ces informations que des stratégies d’adaptation et des plans d’action sont mis en place par les décideurs finaux. Ça les aide à limiter divers coûts. »

En 2020, Vinci Airports sollicite l’entreprise pour évaluer les risques sur plusieurs de ses aéroports. Plus récemment, des modélisations ont été réalisées avec le département de l’Isère, « dans le but d’envisager l’évolution des débits d’étiages à l’horizon 2050, avec deux scénarios, l’un optimiste et l’autre pessimiste. » Cette analyse aide à la décision quant à la régulation des usages et du partage de l’eau. À l’international, Hydroclimat répond aussi à des offres, en Espagne, pour le secteur agroalimentaire ou encore aux États-Unis pour l’industrie cimentière. Si besoin les experts de la société s’appuient sur des partenaires spécialisés, des cabinets de conseil, urbanistes ou sociétés d’ingénierie. » De la donnée au plan d’action, à chacun ses missions. Tout est une question d’adaptation. 


Kim Janiec

+ d'infos :
hydroclimat.com
 

Article mis en ligne par la rédaction SIGMAG & SIGTV.FR